C’est du jamais vu en football ! Les joueurs de l’Excelsior de Virton ont écrit une lettre ouverte à l’Union belge de Football et à la Pro League. Ils demandent à être "libérés de leur club".
Le Royal Excelsior de Virton, qui évoluait la saison passée en D1B, a été rétrogradé sur tapis vert en division 2 amateur. Le club multiplie les recours, ce qui bloque d’éventuels transferts de leurs joueurs. "Nous sommes littéralement pris en otage par une direction qui ne nous parle plus et ne respecte plus non contrats"… C’est le message lancé en substance par les joueurs de Virton, au chômage économique depuis la mi-mars
"Les joueurs ont besoin de leur salaire, ici ça fait quatre mois qu'on touche le chômage donc ça devient difficile pour certains", explique Anthony Morris, le capitaine de Virton. "On aimerait retrouver une vie tout à fait normale et ne pas se poser de questions sur la façon dont on va vivre en fin de mois, comment on va payer le loyer... Pour certains, c'est des questions du quotidien".
Relégué sur tapis vert en Division 2 amateur, le club compte demander à la commission des licences et à la Cour belge d’arbitrage du sport de réexaminer son dossier. La volonté est clairement de rester en D1B, mais aussi de ne pas libérer ses joueurs. "Si certains joueurs veulent partir, on peut le comprendre", explique Alex Hayes, le CEO du club. "Nous ne nous opposons pas automatiquement à leur départ, mais ils ne partiront pas libre, c'est normal, ils sont sous contrat", poursuit-il ensuite.
Si aujourd’hui, le stade de Virton semble bien calme, les supporters Gaumais, eux, balancent entre incompréhension et déception. "Tout le monde est déçu, dégoûté"; "Virton est un grand club, on méritait d'être en D1A. Les joueurs n'ont plus rien, ce n'est pas normal", nous confient ces deux fans. "C'est un crève-coeur ce qui nous arrive aujourd'hui", explique de son côté François Culot, le Bourgmestre de Virton. "Je pense surtout à notre académie pour jeunes, parce que tous les jeunes de la Province du Luxembourg qui avaient de l'ambition venaient à Virton et on tient à sauvegarder cela".
Quant à l’union belge et la Pro League, elles attendront le verdict de la commission des licences avant, éventuellement, de se prononcer. La direction a réagi ce jour, affirmant ne pas s'opposer aux transferts de joueurs dès lors qu'ils respectaient les règles en vigueur.
La lettre dans son intégralité:
Pris littéralement en otages par la direction, nous entendons dénoncer une situation qui ne peut plus durer.
Nous remettons cette lettre ouverte à notre avocat Maître Fabrice VINCLAIRE pour communication aux autorités du football belge et à différents médias.
Après une multitudes de recours et procédures, notre club employeur se voit reléguer en D2 ACFF et perd son statut professionnel. Nous, joueurs professionnels et entraîneurs, nous nous retrouvons sans travail, sans possibilité de signer avec les clubs qui nous contactent (la direction nous l'interdit) et éprouvons de grandes difficultés à “boucler” les fins de mois, le RE VIRTON nous ayant mis en chômage économique.
Nous dénonçons les points suivants:
1- Contact néant avec la direction: ils n'ont jamais accepté de discuter malgré de nombreux e-mails et nos demandes de dialogue. Aucune explication, aucune communication: c'est uniquement par le biais de la presse que nous sommes au courant des procédures engagées et des décisions rendues.
2- Non respect des contrats (ATN, voiture, pécule, primes de signature, …). Depuis deux ans, aucun salaire ne fut payé en temps et en heure. Déjà en janvier 2020, nous retrouvant dans une situation financière extrêmement délicate, nous avons du nous mettre en grêve.
3- Actuellement, alors que nous sommes des joueurs professionnels, que c'est notre métier et notre seul gagne-pain, il n'y a aucun programme de reprise, ni entraînement physique, ni de match amical. Nous sommes donc laissés à nous-mêmes sans aucune perspective d'avenir.
4- Sportivement, notre travail a toujours été effectué avec sérieux comme en témoignent les résultats obtenus (titre en D1 amateur - 1ère place en D1B) malgré les conditions catastrophiques dans lesquelles nous devons travailler au sein du club.
5- Image des joueurs et du club dégradée dans tout le pays. ( promesses non tenues, impayés , déclarations dans la presse, ...).
6- Cela fait 4 mois que nous faisons appel à des préparateurs à nos frais pour entretenir notre condition et rester compétitifs alors qu'il y a va de l'obligation du club de nous garantir un encadrement sportif et médical professionnel.
7- Les documents de chômage n'ont jamais été rendus en temps et en heure. Toujours pas de chômage de juin. Nous sommes le seul club en Belgique et même européen à être toujours au chômage.
8- Flavio Becca place « ses joueurs » dans les clubs satellites qu'il possède au Luxembourg et refuse de libérer les autres.
9- Le club nous prend littéralement en otage dans le bras de fer que ses dirigeants ont engagé contre l'Union belge à laquelle ils réclament des indemnités alors qu'ils nous refusent tout droit!
10- De ce fait, le club nous met dans l'impossibilité de trouver un nouvel employeur et nous empêche donc d'exercer notre métier. Nous ne pouvons pas répondre aux sollicitations d'autres clubs et rien n'est mis en place au club pour que nous puissions travailler.
11- Beaucoup de joueurs sont en dépression depuis des mois ainsi que dans une crise financière sérieuse car nous sommes, pour certains, pères de famille et nous avons, comme tout citoyen, des charges à assumer, des responsabilités auxquelles nous devons faire face. Nous n'avons pas de contrats “galactiques”. Nous sommes réellement en difficulté financière et, comme malheureusement beaucoup de personnes dans ce pays, avons du mal à payer nos loyers, factures de charges, …
12- La vie a repris son cours, et nous, joueurs et coachs de Virton, sommes toujours bloqués dans la crise.
13- Nous n'avons AUCUN soutien de la direction, de Monsieur BECCA ou encore de Monsieur Alex HAYES qui ne s'intéressent qu'à leurs recours et semblent avoir définitivement effacé le côté humain de notre sport. Les frais astronomiques exposés par le club dans le cadre de ces procédures auraient pourtant grandement pu nous aider dans cette période plus que pénible.
CONCLUSION:Nous, les joueurs sans exception ainsi que le staff, demandons ouvertement à l'Union belge ainsi qu'à la Pro League de prendre des mesures contre les agissements du club afin de nous aider à nous libérer. S'agissant d'une question de survie économique et de notre avenir ainsi que celui de nos familles, nous irons jusqu'au bout et, comme sur le terrain, nous nous battrons les uns pour les autres, ensemble et de manière soudée dans un esprit d'équipe infaillible.