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Belgique : la crise sanitaire, une cause de la discrimination, des familles mettent leur enfant à la porte.


Source : RTL Info

À l'occasion d'une nouvelle édition du livre du père d'Ihsane Jarfi,  nos confrères d' RTL TVI font le point sur l'homophobie en Belgique. En moyenne, selon les chiffres de la police fédérale, chaque année, 175 plaintes sont déposées pour discrimination à caractère homophobe. Pour rappel, Ihsane Jarfi a été la première victime d'un assassinat à caractère homophobe en Belgique.

 C'était en 2012. Il a été battu et laissé pour mort par quatre jeunes : Mutlu Kizilaslan, Jérémy Wintgens, Eric Parmentier et Jonathan Lekeu ont été condamnés à des peines allant de 30 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité.

Homophobie dans les entreprises

L'homophobie est toujours bien présente dans certains lieux de travail. "Il y a toujours une très violente homophobie dans certains secteurs professionnels", déplore Cyrile Prestianni de la Maison Arc-en-Ciel. "C'est beaucoup plus diffus parce que souvent cela fait l'objet d'une omerta et il faut que la personne soit très forte pour sortir d'un cercle vicieux, ce qui fait qu'on préfère s'enfermer dans le silence et dans la souffrance", constate-t-il.

En 2019, institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination Unia a ouvert 130 dossiers (un nombre en augmentation) dont 35 pour discrimination ou harcèlement au travail. "Ça commence par des blagues et puis la personne devient vraiment le bouc émissaire dans l'équipe de travail, on lui donne les tâches les plus ingrates et parfois il y la hiérarchie qui ne protège pas." Certaines entreprises mettent en place des campagnes de sensibilisation, mais bien souvent après qu'une plainte a été déposée.

Selon une récente enquête européenne, en Belgique, 67 % des homosexuels évitent de tenir la main de leur partenaire en public de peur d’être agressés. Un tiers se sentent discriminés quand ils sortent manger ou boire un verre. Près de 20 % estiment être discriminés au travail. La violence se développe sur les réseaux sociaux : des vidéos d'agressions homophobes ou d'appel à la haine se partagent en ligne. Il semble que le confinement et la crise sanitaire soient un terreau favorable à l'homophobie. Cet été, plusieurs agressions homophobes ont été rapportées. Pour Cyrille Prestianni, la consommation des contenus haineux sur internet est une des causes possibles : "Il existe pas mal de vidéos homophobes sur les réseaux sociaux et de mouvements homophobes qui entourent la Belgique".

Demandes d'aide en hausse

Un avis qui coïncide avec les constats de Nathalie Denies d'Unia. "Pas plus tard que vendredi, le cas d'un jeune assis sur le seuil de sa porte. Il avait oublié ses clés, il attendait sa maman. Il s'est fait insulté et tabassé simplement parce qu'on estimait d'après son apparence qu'il devait être homosexuel", relate-t-elle. Du côté des maisons d'accueil bruxelloises, les demandes d'aides explosent. "Ce sont des jeunes qui par exemple pendant le confinement ont été contraints à rester avec leur famille dans un environnement fermé. Cela fait qu'ils n'arrivent plus à vivre dans cet environnement et décident de partir ou que les parents en ont marre et les mettent à la porte", rapporte l'association Le Refuge.

"Ma famille n'a plus voulu de moi et m'a jeté dehors", témoigne Selim. Ses parents considèrent que l'homosexualité est comme une maladie : "Comme une maladie qui n'était pas là quand je suis né mais avec le temps, à cause de mes amies que j'ai fréquentés que je suis devenu comme ça". Entre son coming-out et son départ, il y a eu 4 ans de disputes voire de coups. "Mon père m'a reproché plusieurs fois d'être 'une tapette'. À chaque dispute il essayait de me frapper", se souvient-il douloureusement.

Ce jeudi, nos confrères d'RTL Info 18h de Bel RTL évoqueront ces questions d'homophobie en Belgique avec notamment comme invité Hassan Jarfi, le père d'Ihsane Jarfi.