L'Observatoire international des prisons (OIP), la Ligue des droits humains et Bxl Laïque (la section bruxelloise du Centre d'action laïque) dénoncent mercredi, dans un communiqué commun, la situation "cauchemardesque" dans laquelle se trouvent les détenus de la prison de Saint-Gilles. Cette dernière suit les directives corona données par son administration principale, a répondu l'administration pénitentiaire, qui réfute plusieurs accusations.
En mars, plusieurs ailes de la prison ont été partiellement ou totalement confinées après la détection de cas positifs au coronavirus parmi les détenus. Face à ces nouvelles infections, le personnel de la prison de Saint-Gilles avait débrayé le jeudi 11 mars pendant 24 heures pour protester contre la gestion des cas de Covid au sein de l'établissement bruxellois. Il avait alors obtenu que l'ensemble des détenus des ailes A et B soient à nouveau rapidement testés pour le Covid-19.
Les détenus positifs et négatifs ont été séparés.
"Ces tests ont révélé quatre résultats positifs dans l'aile B, qui est maintenant en quarantaine complète", a précisé l'administration pénitentiaire. "Les tests ont aussi révélé dix résultats positifs dans l'aile A qui a été complètement confinée. Les détenus positifs et négatifs ont été séparés."
Les conséquences de ces confinements sont lourdes pour les détenus: suppression des transferts vers les tribunaux, des visites, préaux, activités, douches, cantines et donc diminution des repas, énumèrent l'OIP, la Ligue et Bxl Laïque.
En outre, les contacts avec les psychologues et assistants sociaux se résument à "quelques minutes au guichet de la cellule", tandis que les dossiers de libération conditionnelle et de congés pénitentiaires sont "complètement bloqués", poursuivent les organisations qui pointent également une augmentation des tentatives de suicide.
Les soins et le soutien psychosocial ont été assurés.
"Les détenus entrants sont placés en quarantaine préventive dans l'aile E, comme le prévoient les instructions corona. En quarantaine préventive, ils ont droit à une promenade et à une douche, mais pas de visites à table. Il existe cependant une visite virtuelle", a tenu à préciser l'administration pénitentiaire qui ajoute que "ces détenus ne se rendent normalement pas aux audiences, sauf lorsque le juge en fait la demande.
Cette quarantaine préventive a son importance: elle forme un tampon entre la population entrante et la population déjà présente et contribue à protéger la population déjà présente contre les épidémies en prison." L'administration pénitentiaire a par ailleurs souligné que s'il y a bien eu un confinement au sein de l'annexe psychiatrique en raison de cas positifs d'un détenu et d'un membre du personnel, "les détenus ont pu bénéficier de la promenade pendant leur quarantaine et un nombre limité d'entre eux a pu prendre une douche. Les soins et le soutien psychosocial ont été assurés".
L'OIP regrette de ne pas avoir été entendu "ni par les magistrats ni par l'exécutif" et prévient: faute de mesures suffisantes, la prison de Saint-Gilles, qui compte actuellement plus de 850 détenus, "est un gigantesque cluster en ébullition, un incendie qu'il sera difficile d'éteindre". L'administration pénitentiaire reconnaît que les quarantaines et les restrictions concernant les activités ne sont pas bonnes pour la santé mentale des détenus.